Noces Sacrees: Les Dieux Du Kouroulamini by Seydou Badian

Noces Sacrees

Biographie de l’auteur

Seydou Badian Kouyaté est un écrivain et homme politique malien.

Après des études de médecine à l’université de Montpellier en France, il rentre au Mali. Proche du premier président Modibo Keïta, il écrit les paroles de l’hymne national, Pour l’Afrique et pour toi, Mali. Il est nommé ministre de la Coordination économique et financière et du Plan le 17 septembre 1962. Lors du coup d’État de Moussa Traoré en 1968, il est déporté à Kidal puis s’exile à Dakar au Sénégal.

Militant de la première heure de l’Union soudanaise-Rassemblement démocratique africain, il en avait été exclu en 1998 pour s’être opposé à une partie de la direction qui prônait la non-reconnaissance des institutions lors des élections contestées.

Écrivain reconnu internationalement, il publie avant l’indépendance du Mali, en 1957, son premier roman intitulé Sous l’orage. Deux autres romans seront publiés ensuite, Le Sang des masques en 1976 et Noces sacrées en 1977.

En octobre 2007, Seydou Badian Kouyaté publie un roman intitulé La Saison des pièges.

En 2009 Seydou Badian Kouyaté change de nom et s’appelle officiellement Seydou Badian Noumboïna, du nom d’un village dans le cercle de Macina.

Source: Babelio

Autres publications de l’auteur

  • 1957Sous l’orage 

  • 1965 Les Dirigeants africains face à leurs peuples, Grand prix littéraire d’Afrique noire

Les dirigeants africain:-Seydou Badian

  • 1976 Le Sang des masques

le-sang-des-masques-Seydou Badian

  • 2007 La Saison des pièges, Nouvelles Éditions ivoiriennes et Présence africaine

    La saison des pieges_Seydou Badian.jpg

Prix /Récompenses

Grand prix littéraire d’Afrique noire (1965)

Le Grand prix littéraire d’Afrique noire est attribué chaque année par l’association des écrivains de langue française, l’ADELF, reconnue d’utilité publique depuis le 19 juillet 1952, dont le but est de « promouvoir l’œuvre des écrivains qui, à travers le monde, s’expriment en français ». Le prix est ouvert aux « écrivains de langue française originaires de l’Afrique subsaharienne, ou à un ouvrage concernant cette zone géographique, en excluant les traductions » . Le Grand Prix littéraire d’Afrique noire est parfois surnommé le « Goncourt africain » et il a récompensé depuis 1961 des écrivains confirmés.

Source: Wikipedia

Résumé du livre

Le protagoniste essentiel de ce récit est un masque, le grand N’TOMO ; de son absence, de son rapt naît le drame. Ainsi sommes-nous invités, peut-être, à méditer les dimensions d’un autre drame où se jouerait la destinée, c’est-à-dire l’identité négro-africaine.

Thèmes principaux

  • Colonisation et vie des colons Français au Sénégal
  • Magie et sorcellerie africaine
  • Religion catholique contre religion des ancêtres
  • Cérémonies et cultes Bambara
  • Pillage des trésors africains (masques et autres) par les colons
  • Les rouages de l’administation française en Afrique coloniale
  • La lourdeur et lenteur du système  administratif français

Notes de lecture

Ce roman est très court. Il fait environ 187 pages en format de poche – gros caractères. Néanmoins, ne vous attendez surtout pas à le finir en deux ou trois heures. Le style d’écriture ainsi que l’histoire ont été assez difficile à suivre au début du roman. Mais heureusement, qu’avec beaucoup de persévérance, j’ai fini par apprivoiser la bête. Seydou Badian nous relate les faits liés à la disparition du masque le grand N’tomo dans un petit village Bambara sous administration française. L’auteur commence son ouvrage en nous présentant les divers personnages présent dans la communauté au moment des faits. Toute la bizarre affaire est relatée par le Docteur, le personnage principal. Voici comment Seydou Badian décrit le Docteur:

Seul Africain et seul célibataire admis au cercle des blancs. Mince, méditatif et réservée.

Dés la lecture de cette phrase, on sait que les relations noirs - colonisés/blancs-colonisateurs seront au cours du dilemme et occuperont une place de choix par rapport au thème principal de l’ouvrage. Ainsi, le Docteur, suite à des discussions avec tous les protagonistes du roman, relate les faits tels qu’il les a lui-meme entendu de la bouche des concernés. Il arrive que le docteur lui-meme se fasse quelques réflexions sur ce qu’il entend et sur ce qu’il voit. Il médite aussi bien avec ses pensées africaines que ses pensées européennes. Je m’explique. Le Docteur a effectivement était en Europe pour ses études universitaires. Ce qui fait de lui un “négre civilisé” – double identité et appartenance aux deux camps. Il rejette une partie de son héritage africain implicitement.

En effet, le Docteur médite sur des questions assez intéressantes. Par exemple, on apprend avec beaucoup de surprise comment certains administrateurs blancs arrivent en Afrique avec beaucoup de mépris et pitié envers ce que les locaux appellent le dialogue avec les ancêtres, et, que les blancs caractérisent d’ignorance et de folie,  mais qu’ils finissent par intégrer et pratiquer. Ce mystère est illustré par deux administrateurs français qui discutent de la question:

….J’arrivais lorsque j’entendis Soret criait: “Tu n’y comprends rien! Tu blasphèmes. C’est facile . Il s’agit de dialogue avec les Dieux , les génies et les hommes. L’art Négre représenté ici est la force majeure du language sacrée. Tous ces masques s’adressent à toi . Ils t’invitent à une autre vie. Ils t’expliquent un autre monde, mais seuls les bienheureux sauront les entendre.”…Bellard pouffa de rire…Il est cinglé Soret, vous avez entendu cet idolâtre…

Cet échange a lieu dés les premières pages de l’ouvrage. Et il pose la question essentielle à savoir: Est-ce qu’un masque est juste une piece d’Art Négre ou bien un lien entre les ancêtres, les génies et les hommes?  Pendant et après la lecture de cet ouvrage, je me suis moi-meme posé la question et je n’ai malheureusement pas trouvé de réponse. Je suis comme le docteur une africaine contemporaine – qui a grandement été influencé par les pensées européennes – mais qui pourtant garde toujours une grande part de son africanité. Toutes les questions de cultes de masques, de genies, de maraboutage me laissent toujours assez perplexe. L’auteur a fait un brillant travail d’exposition suite à cette problématique à travers les divers personnages. Je crois que les deux personnages les plus intrigants du livre sont le prêtre et Fotigui.

Le prêtre qui est le digne représentant de l’église catholique est assez ambivalent par rapport aux génies, aux ancêtres et à la magie africaine. On se serait attendu  à une attitude de condamnation ferme et irrévocable de sa part. Cependant, ce que l’on observe dans les faits, c’est plutôt du respect, de la révérence, une certaine forme de reconnaissance implicite que ses choses éxistent.

Fotigui, quant à lui, est le “frenemi” du prêtre. Tantôt ami, Tantôt ennemi.  Fotigui est le maitre du Komo, l’initiateur des cérémonies. Voici un extrait de ce qu’il pense:

Fotigui n’était pas contre la pénétration du catholicisme dans son fief, à la condition que les futurs chrétiens demeurent sous la loi du Komo….

Si vous pensez que Komo est un Dieu, vous avez tort. Voici comment on le décrit:

Komo est le maitre de tous les éléments. Il a la force de tous les morts et de ceux qui ont à naitre. Komo est invincible, ceux qui le quittent, reviennent toujours. Sinon eux, leurs enfants et petit-enfants viendront pour renouer avec l’ancêtre et continuer le monde…

En somme, c’est un ouvrage très intéressant que je vous recommande fortement.

Citations mémorables

J’ai abordé ce monde avec scepticisme, désinvolture, et même ironie. Mais au fil des jours , ce monde m’a pris et m’a envahi comme l’amour d’une femme. Je comprends à présent pourquoi les premières cérémonies d’initiation sont appelées Noces Sacrées. Il s’agit d’un véritable mariage avec quelque chose dont on ne soupçonnait même pas l’existence, quelque chose qui vous possède et qui s’ancre en vous avec une telle force que vous vous demandez comment vous avez pu vivre jusque ici sans cela.

Noces Sacrées, Seydou Badian

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